jeudi 30 août 2007

Le feuilleton de la dette publique

Amis contribuables, je ne voudrais pas ternir la fin de vos vacances, pour ceux qui le sont encore, ou compromettre la fin de semaine qui approche* mais je tiens vous à informer que la dette publique per capita a atteint ce jour la somme de

:
18 411 €


Bon courage et préparez vos portefeuilles!

* Nota:

Je n'ai pas trouvé d'autre formulation pour remplacer l'horrible "week-end" anglo-saxon. Peut-être que certains lecteurs pourront me le confirmer, mais il me souvient qu'une directive ministérielle du début des années 90 préconisait l'usage du terme dominique. Apparemment la sauce n'a pas pris et la dominique est restée dans l'oubli. Ce terme faisait référence à Dominica en latin (Dies Domini ou jour du Seigneur). Cela me convient bien mais c'est sans compter la bêtise des présentateurs TV et radios qui usent et abusent du franglais même quand cela ne se justifie pas.


Les catastrophes aériennes se sont transformées en "crash", les mécènes en "sponsors" et les entraîneurs sportifs en coachs et les équipes en "teams". C'est tellement plus fashion...euh, pardon, c'est tellement plus in.

mercredi 29 août 2007

Le livre de la Genèse de X à Y


Avertissement

Aujourd'hui permettez-moi une petite extravagance. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. Cet article ne saurait avoir quelque valeur scientifique, son auteur n'étant pas qualifié pour. Il n'a pas davantage de prétentions théologiques pour les mêmes raisons. Il n'est ni plus, ni moins qu'un divertissement spirituel, une flânerie de la pensée, certains écriront fl-âneries. Pourquoi pas, même si au-delà d'une simple réflexion rigoureusement personnelle certains propos sont loin de relever de la fantaisie d'esprit! La référence, à la fin de cet article, au Christ mort sur la Croix pour le salut des hommes le montre clairement.




Liber Genesis


Nous croyons tous connaître le livre de la Genèse, notamment à travers l'épisode de la pomme qu'Eve offrit à Adam, ce qui fut à l'origine de tous nos malheurs. Peut-être, mais encore faut-il rappeler que nulle part la Bible ne parle de pomme! Le chapitre II de la Genèse évoque l'arbre de la connaissance du bien et du mal ainsi que son fruit. Ainsi la Biblia Sacra Vulgatae Editionis fait mention du fructus, sans autre précision. Il est bien évident que l'origine du péché qui conduisit l'humanité à sa déchéance provisoire ne se confond pas avec une vulgaire pomme chapardée sur un arbre comme bien des gamins ont pu le faire à la campagne, au détour d'un chemin.


Première page de la Bible sur laquelle je travaille. C'est une édition de la Vulgate datant de 1680 imprimée à Lyon par les frères HUGUETAN

De même, quand nous disons aux femmes que Dieu créa les en dernier lieu, après les animaux, selon la Genèse, elles manifestent aussitôt leur indignation. Pour un peu elles intenteraient un procès au Créateur pour comportement misogyne. Dans un jeu de très bonne facture et très populaire sur la chaîne italienne RAI Uno, une question avait été posée sur ce point. Les femmes présentes sur le plateau parmi les spectateurs de l'émission poussèrent un cri horrifié en apprenant que la bonne réponse concernant la place des femmes dans l'ordre chronologique de la création les plaçait au dernier rang.

Le présentateur de l'émission avec beaucoup d'à propos calma l'ire féminine en ajoutant: oui mais il fallait du temps au Bon Dieu pour parvenir à la perfection dans l'ordre la création!

Voilà pour l'aspect anecdotique. Ceci étant, je confirma bien, sans la moindre arrière-pensée machiste, Mesdames, que vous fûtes créées en dernier lieu. Et alors, me direz-vous qu'est ce que cela change? Tout et rien en même temps comme nous allons le voir.

Ceci nous montre que nous avons tous une connaissance très superficielle du livre de la Genèse qui se résume en fait à quelques schémas caricaturaux: la pomme, le serpent autour de l'arbre et Adam et Eve chassés de l'Eden, arborant pour tout vêtement une modeste feuille de vigne afin de cacher une nudité devenue insupportable. Que dire de la connaissance des textes moins connus de l'Ancien Testament, des psaumes et même des évangiles canoniques? Mais ceci est un autre sujet et revenons en à ce qui nous intéresse dans l'immédiat.

Le livre premier de la Genèse demeure plutôt laconique quant à la création de l'Homme (J'utiliserai la majuscule chaque fois que je ferai référence à l'être humain, homme ou femme indifféremment, et la minuscule pour l'homme au sens sexué du terme - vir en latin par opposition à mulier - ).



La création d'Adam par Michel-Ange ( Le Vatican Chapelle Sixtine)


Toutefois, la Bible devient nettement plus précise au chapitre second. Elle nous révèle en effet trois choses:
1 Dieu forma l'homme de la poussière et lui souffla dans ses narines un souffle de vie (création d'Adam)

2 Il se rendit compte après avoir donné vie à Adam que celui-ci était seul et que cela n'était pas bon alors que le livre premier nous indique qu'à chaque étape de la création, le Père des Cieux vit que cela était bon, y compris le sixième jour qu'il consacra à la création de l'homme: " Dieu vit que cela était bon comme pour les jours précédents. Et il y eut un soir et il eut un matin: ce fut le sixième jour. "

3 Pour la création de la compagne d'Adam, Dieu endormit l'homme, lui prit une de ses côtes et referma la chair. De la côte prélevée sur Adam, Yahweh forma la femme et l'amena à l'homme.


Des trois points du récit bibliques nous pouvons déduire de prime abord avec un peu d'humour que, par rapport à l'observation numéro 2, Dieu était quelque peu distrait quand il créa l'homme. Il n'avait pas pensé que celui-ci pourrait s'ennuyer seul et qu'il lui faudrait une aide semblable à lui. Soyons indulgents vis à vis de Notre Père dans les Cieux puisque la Bible nous précise qu'au septième jour Dieu se reposa. C'est donc qu'il en éprouvait le besoin, après avoir consacré les six premiers jours à l'oeuvre de sa création, tâche probablement épuisante.


Voulant réparer son oubli, Dieu fit défiler la création devant Adam. La Bible du chanoine Crampon qui est une traduction à partir de la Septante rédigée en grec et des textes hébreux nous dit ceci:

Yahweh Dieu dit : " Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui." Et Yahweh Dieu, qui avait formé du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, les fit venir vers l'homme pour voir comment il les appellerait et pour que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme. Et l'homme donna des noms à tous les animaux domestiques, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais il ne trouva pas pour l'homme une aide semblable à lui. Alors Yahweh Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit, et il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. De la côte qu'il avait prise de l'homme, Yahweh Dieu forma une femme, et il l'amena à l'homme. Et l'homme dit: " celle-ci cette fois est l'os de mes os et la chair de ma chair! Celle-ci sera appelée femme, parce qu'elle a été prise de l'homme. " C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et il deviendront une seule chair. (Chapitre II, versets 18 à 24).



Ce passage nous montre bien les points que j'ai soulignés plus haut.

Dieu se rend compte après coup que la solitude de l'homme n'est pas une bonne chose.

Il fait donc défiler devant Adam toute la création animale afin de lui trouver une aide semblable à lui et faute d'avoir trouvé l'être satisfaisant, il prend la décision de créer un nouvel être, la femme, acte ultime de la création.
Observons au passage, que cette séquence de la Bible soulève plusieurs questions.
Dieu semble avoir "oublié" au départ que l'homme avait besoin d'une compagne. Etonnant d'un point de vue théologique quand sait Dieu omniscient!
Nul doute qu'il s'agit d'un oubli apparent dans le dessein de Dieu.


Dieu fait défiler la création animale. Il est bien évident qu'il n'entend pas cet acte donner une compagne à l'homme et encore moins imaginer par cette solution répondre à la nécessité du principe de génération, ce qui serait une pure abomination. D'ailleurs la Bible, à ce moment là, ne parle que d'aide (adjutor) pour l'homme. On peut en déduire que Dieu n'a pas encore envisagé la question de la reproduction du genre humain. Là encore cela paraît très surprenant. La Bible nous laisserait même supposer que c'est l'homme qui, découvrant "l'os de ses os et la chair de sa chair" institue l'acte de génération!


Enfin, Dieu aurait pu opérer pour la femme comme pour l'homme. Curieusement, il préfère endormir l'homme et en extraire une côte pour la façonner. Faut-il y voir la volonté de bien marquer l'unicité et la particularité du genre humain? L'homme a été créé une seule fois pour toutes! Il n' y aura pas une création bis.



La génétique


Quittons le domaine de la religion et tournons-nous vers la science moderne. Celle-ci nous enseigne que l'information génétique de l'être humain est contenue dans 46 chromosomes, organisés en 23 paires. La paire de chromosomes de la différenciation sexuelle est identifiée par les lettres X et Y.


Les cellules reproductrices ou gamètes, c'est à dire les spermatozoïdes chez l'homme et l'ovule chez la femme, ne comportent qu'un seul chromosome de type X ou Y. Le spermatozoïde peut être porteur d'un chromosome X ou Y tandis que l'ovule de la femme est toujours du type X.


Partant de là, nous savons qu'à la fécondation nous aurons deux cas de figures possibles:


1 Le spermatozoïde comporte un chromosome X. Associé à l'ovule qu'il va féconder il donnera naissance à un oeuf, aussi appelé zygote, constitué par une paire XX, donc une femme.


2 Le spermatozoïde comporte un chromosome de type Y. Son association avec l'ovule, toujours porteuse d'un chromosome X donnera un oeuf de type XY, donc de sexe masculin.

Résultats des croisements possibles entre gamètes masculins et féminins


Comparons maintenant la structure chromosomique de l'Homme avec le récit de la Genèse.


Genèse et génétique


Nous noterons au passage que les deux termes ont la même étymologie et proviennent du grec genos qui signifie au sens premier naissance mais revenons à la création d'Adam; le modus operandi divin comporte deux actes nettement différenciés:


- un acte plastique qui consista à modeler le corps humain à partir de la poussière, le texte latin de la Vulgate, plus explicite, dit "de limo terrae" ( à partir du limon de la terre).


- un acte " spirituel " qui se traduisit par l'insufflation dans les narines d'un souffle de vie. Le latin parle de spiraculum vitae. or spiraculum vient de la racine spir que l'on trouve dans les mots tels que spirare (respirer en français) et bien évidemment spiritus (esprit) dont le sens premier est souffle de l'air ou du vent et qui prend le sens second d'esprit qu'on lui connaît.


Lorsque Dieu crée la femme, nous avons vu qu'il se borne à endormir Adam, (premier acte anesthésique chirurgical de l'histoire de l'humanité bien avant que la médecine moderne ne le mette au point), pour en extraire une côte. L' opération divine, dans tous les sens du terme, se résume à un unique acte matériel, à l'exclusion de toute intervention spirituelle.



On peut en déduire de façon logique que la structure XY de l'homme porte la trace de l'action matérielle et spirituelle. Le chromosome X serait la marque de l'acte matériel du plasmator qui a façonné la matière (Pensez à l'hymne des Vêpres du vendredi Plasmator hominis Deus) tandis que le chromosome Y marque l'action spirituelle, toujours au sens de souffle de vie. Je tiens, par précaution, à apporter cette précision car comme je me suis fais remarquer au début de mon article en rappelant la place de la femme dans l'ordre de la création, je ne voudrais pas aggraver mon cas en laissant sous-entendre que la création de la femme n'ayant été précédée d'aucun acte spirituel, il en résulterait que la femme ne serait point dotée d'esprit.



Non, Mesdames, soyez rassurées, je n'ai jamais pensé cela!


En fait, l'acte spirituel s'est réalisé une seule fois pour toutes dans la création d'Adam. On pourrait dire que cet acte est en quelque sorte celui par lequel la matière devient "informée" au sens où elle reçoit une information qui la rend vivante et lui donne sa caractéristique humaine. Il s'agit de la forme au sens aristotélicien et thomiste. En prélevant la côte, Dieu prend de la matière déjà informée, ce qui ne nécessite plus d'acte spirituel. son action créatrice est alors uniquement plasticienne. La structure chromosomique de la femme porterait alors la trace de la double action plastique; la première pour la réalisation d'Adam in corpore, la seconde pour l'achèvement de la nature humaine par la création de la femme dont tous s'accordent à lui reconnaître une plastique incomparablement supérieure à celle de l'homme au plan esthétique.


Dieu en quelque sorte avait dans son oeuvre première créé le prototype. Il paracheva son oeuvre en peaufinant le modelé féminin dont on peut supposer l'éblouissante beauté puisque Adam comme Eve avaient reçus des dons préternaturels qu'ils perdirent du fait de la commission du péché originel. Ces dons particuliers (impassibilité ou impossibilité de souffrir , harmonie du corps et de l'esprit, science infuse) leur conféraient, dit saint Jean Chrysostome une grâce céleste qui les couvrait comme un spendide vêtement.


Ne nous étonnons donc pas de l'enthousiasme, du coup de foudre même, d'Adam découvrant sa compagne et s'écriant: " Celle-ci est cette fois l'os de mes os et la chair de ma chair! "


Les évolutionnistes ricaneront à la lecture de ces lignes, les créationnistes rationalistes hausseront les épaules. Peu importe! J'ai pris le soin de dire en exergue que mes propos dans cet article n'ont aucune valeur, ni au plan théologique, ni au plan scientifique. Il s'agit ici d'un clin d'oeil, entre Genèse et génétique àpartir d'un rapprochement qui m'est fortuitement venu à l'esprit il y a quelques temps.

A propos, avant de conclure, permettez-moi de vous rappeler un passage du Nouveau Testament, cette fois, tiré du chapitre premier de l'évangile selon saint Matthieu.



Angelus Domini nuntiavit Mariae!


Oui, il s'agit de l'Annonciation faite à Marie par l'Ange Gabriel, ce temps fort qui précède et annonce la venue du Messie sur Terre et que l'Eglise dans sa prière récite trois fois par jour.



L'Annonciation de Botticelli


Saint Matthieu nous relate l'apparition de l'Ange et l'étonnement de Marie à l'annonce de sa prochaine maternité. " Comment cela se fera t-il car je ne connais point d'homme?" L'Ange lui répond alors: " Le Saint Esprit surviendra en Vous et la vertu du Très Haut Vous couvrira de son ombre; c'est pourquoi le fruit saint qui naîtra de Vous sera appelé le Fils de Dieu." (Chapitre I, versets 34 et 35)

Et concepit de Spiritu Sancto récitons nous à l'Angelus!


Peinture Ecce Homo



Une fois de plus, l'Ecriture Sainte nous relate une création opérée sur un acte double: Jésus naît de Marie par la chair - acte matériel - et par la vertu du Très Haut - acte spirituel. Acte matériel (X) plus acte spirituel (Y), le Christ ne peut être qu'un homme. Dieu n'a réalisé que deux fois seulement l'acte ex opere Spiritu Sancti. La première fois pour la création du premier Homme, la seconde fois pour la restauration de l'humanité déchue par le biais de Verbe Incarné. Il ne recourt à l'action de l'Esprit Saint que pour les occasions les plus graves.



En créant l'homme, Dieu lui remet le pouvoir de la différenciation sexuelle, car seul l'homme détient la clef X ou Y. En créant la femme, Dieu lui donne le pouvoir de dire oui ou non, ce que fit au demeurant Marie qui répondit à l'Ange Gabriel par le " Fiat mihi secundum Verbum Tuum! " - Qu'il me soit fait selon votre parole.

Ecce Homo, dira par la suite Ponce Pilate au moment où Jésus s'offre en Sacrifice Suprême pour le salut de l'humanité. Sans le vouloir, le procurateur de Judée avait attribué au Christ, vrai Homme et vrai Dieu, la plénitude du genre humain reçue par le Saint Esprit et la Vierge Marie.

lundi 27 août 2007

Les fonctionnaires et la dette publique


Le président de la république l'avait affirmé lors de sa campagne électorale : la dette publique est arrivée à un niveau intolérable (plus de 1 150 milliards d'euros) et pour ce faire, il nous faudra réduire impérativement les dépenses de l'Etat. Aujourd'hui le gouvernement Fillon s'attaque à ce problème qui va sans cesse en s'aggravant. Un crédit que l'on ne rembourse pas est un crédit qui augmente de jour en jour.




Le pouvoir va donc commencer par réduire le nombre de fonctionnaires. Je veux bien croire qu'il y a dans certaines administrations pléthore d'effectifs, mais à l'inverse, je sais que certaines administrations souffrent terriblement des effets pervers liés aux 35 heures hebdomadaires.

Le choix des postes à supprimer se révèle difficile, d'autant que chaque administration défend son pré carré; on veut bien accepter l'idée d'une réduction des effectifs de la fonction publique mais pourvu que ce soit chez le voisin. C'est aussi sans compter l'action des syndicats pour lesquels toute amélioration du service publique passe nécessairement et inexorablement par une augmentation des effectifs. On en mesure les effets brillants dans l'Education nationale en particulier! Il me semble qu'en 1968 un slogan courrait sur les barricades du quartier latin et dans les facultés en grève : "L'imagination au pouvoir!". Il reste du chemin à parcourir de toute évidence. Une chose est sure, l'imagination n'est certainement pas la qualité première de nos syndicats englués dans un corporatisme désespérant.

L'économie apparente

Revenons en à nos économies budgétaires. chose promise, chose due : le train de vie de l'Etat sera réduit et dès 2008 on procédera à la suppression de 22 700 postes dans la fonction publique. Ah la bonne heure! Enfin nous allons réduire cette fichue dette publique.

Ne vous réjouissez pas trop vite bonnes gens. Faisons un rapide calcul. J'ai longtemps sévi à l'exécution du budget dans mon administration centrale pour me permettre un petit calcul approximatif mais proche de la vérité car il rend compte des ordres de grandeur en jeu.

Donc en 2008 nous supprimerons 22 700 postes budgétaires. J'ai fixé arbitrairement le poste à 4000 euros mensuels. En prenant cette base de calcul, je prends l'option de ne supprimer que des postes élevés dans la fonction publique. A titre indicatif un salaire net mensuel de 4 000 € correspond à la solde d'un lieutenant-colonel (primes incluses). je serais fort surpris de savoir que le gouvernement n'envisage de supprimer que des postes de ce niveau ou d'un niveau équivalent (cadres A de la fonction publique).

La suppression de 22 700 postes à 4 000 € mensuels permettrait en fait une économie supérieure car il faut rajouter la part de cotisations "patronales" versées par l'Etat.

Pour faire simple et au risque de chagriner les puristes, je multiplie par 2, soit un budget mensuel de 8 000 € par poste. Disons que j'intègre dans ce montant une part de coût de fonctionnement. Un fonctionnaire dispose d'un local qu'il faut éclairer et chauffer, il consomme des fournitures de bureau, perçoit le cas échéant des frais de mission etc, etc...


Point n'est besoin de longs commentaires pour considérer que mon estimation est surévaluée, donc largement optimiste quant à l'économie escomptée. Qu'importe, poursuivons. A l'année, pour 22 700 postes en moins, sur les bases que nous venons de définir, l'Etat réalisera sur le budget rémunérations charges sociales (R.C.S) une économie de :

8 000 x 12 mois x 22 700 postes = 21 792 000 €

Ceci revient à dire que sur cette base de calcul, encore une fois largement optimiste, il nous faudra attendre près de 528 ans avant de résorber complètement la dette.


Le temps de lire cet article et plusieurs dizaines de ce billet seront venus accroître la dette publique par le jeu des intérêts galopants.




L'économie réelle

Mais en fait ce calcul est en trompe-l'oeil. Nous avons parlé de suppression de postes et non de suppression de fonctionnaires, fort heureusement, même si l'on utilise parfois ce raccourci pour le moins maladroit. Donc, comme il n'est pas question d'éliminer les fonctionnaires; ceux-ci survivront à leur poste supprimé.

Pour réduire le nombre de fonctionnaires civils ou militaires, il n'y a pas 36 méthodes. La seule est le non-remplacement des partants, quel que soit le motif de départ. A vrai dire la cause de départ principale est le départ à la retraite, ce qui signifie des pensions de retraite élevées, calculées sur l'échelon indiciaire des 6 derniers mois.

Pour une carrière complète avec maximum d'annuités le retraité percevra 80 % du traitement (personnel civil) ou de la solde (personnel militaire), hors primes, sauf certaines primes exceptionnelles qui entrent dans le calcul de la pension.

Considérons donc que notre fonctionnaire à 4 000 € mensuels parte à la retraite et qu'il ne soit pas remplacé. Tablons sur une pension de 70 % du traitement perçu avant départ, soit 2 800 € mensuels.

A la différence du secteur privé le retraité reste à la charge de son ancien patron, à savoir l'Etat.

Quand l'Etat crée un poste budgétaire, il crée un engagement juridique au sens financier supérieur au coût de rémunération du poste considéré puisqu'il faut intégrer le paiement des retraites.


Surtout, que l'on ne vienne pas me parler de retraite par répartition et me dire qu' à ce titre la retraite est financée par la retenue effectuée sur les traitements des fonctionnaires. Dans les 8 000 €, j'ai inclus les charges sociales. Si le fonctionnaire voit une partie de son traitement amputée pour le financement des retraites, il n'en demeure pas moins qu'à l'origine c'est bien l'Etat qui finance le mécanisme.


De plus, un fonctionnaire ne finance pas à lui seul la pension d'un retraité de même indice que le sien sinon il verrait son traitement net amputé de 80 %. Or en supprimant un poste budgétaire, on supprime du même coup une retenue pour pension alors que le nombre de retraités va en augmentant, donc on accroît la charge de l'Etat d'autant.


Pour ces raisons, l'économie apparente de 8 000 € doit être minorée puisque le budget public aura à financer les retraites. en fait l'économie réelle est la suivante :

8 000 - 2 800 = 5 200 euros

Ce qui fait une économie totale de :


5 200 x 12 x 22 700 = 1 416 480 Kilos €


Avec l'allongement de l'espérance de vie il faut considérer que le fonctionnaire reste en moyenne à la charge de l'Etat sur une durée de 20 ans après son départ à la retraite.


L'extinction de la dette publique interviendra nécessairement plus tard mais à ce stade où les chiffres atteignent des valeurs quasi-astronomiques nous ne sommes plus à 50 ans près!


Notons au passage que si nous tablons sur la suppression de postes budgétaires à 2500 euros nets par mois, le remboursement de la dette se fera en... 8 siècles et demi, soit le temps de la dynastie des Capétiens jusqu'au roi Louis XVI!


Armons-nous de patience!

Mais comme dans le même temps pour conjurer la vindicte des syndicats de la fonction publique, le gouvernement Fillon projette, en contrepartie des réductions de postes une améliorations des salaires et des conditions de travail. S'il est évident que l'augmentation des traitements aura une incidence sur le budget de l'Etat, l'amélioration des conditions de travail en aura une également car toute mesure, quelle qu'elle soit, aussi anodine qu'elle puisse paraître, a toujours une incidence financière jamais dans le sens de l'économie, cela va de soi.



Tout ceci nous montre que, dès à présent, les promesses, les affirmations péremptoires avec effets de manches vont se traduire par des économies maigrelettes, si économies il y a, ce qui reste à démontrer au vu des mesurettes annoncées.

J'ose espérer pour le gouvernement Fillon que l'on a d'autres solutions plus efficaces pour réaliser les économies indispensables mais l'imagination est-elle enfin arrivée dans les sphères du pouvoir ? J'en doute !


Dieu sait s'il existe pourtant d'autres gisements possibles pour parler technocrate. Quand on observe l'empilement vertigineux des assemblées en tous genres, je suis convaincu que de sérieuses économies sont possibles. Conseils généraux, conseils régionaux, Assemblée nationale, Sénat sans compter les députés européens. Nous baignons allégrement dans le trop plein. Dans ce méli-mélo où souvent la répartition des fonctions est floue, il y a un grand ménage à faire. Quand par exemple le Conseil régional de Rhône-Alpes finances des opérations à l'étranger, est bien là sa vocation ? Le domaine international relève du pouvoir de l'Etat et non de celui des collectivités territoriales. Il y a une superposition de collectivités qui ne se justifie plus. Conseils généraux et conseils régionaux font double emplois, même si les attributions des uns et des autres sont sur le papier, du moins, clairement définies. Il y a une réflexion sérieuse à mener. Mais on touche ici à des fromages qui rapportent. L'existence d'un système bicaméral est-elle nécessaire ? Quelle est l'utilité du Sénat, n'en déplaise aux honorables sénateurs ? Le général De Gaulle avait envisagé sa suppression, tout au moins dans sa forme actuelle, il y a 40 ans. L'idée n'eut pas l'heur de plaire à l'époque. Il n'est pas sûr qu'elle soit mieux reçue aujourd'hui.


Quand l'Etat subventionne à coup de milliards des associations, des journaux qui ne survivraient pas sans la manne du contribuable est-ce bien raisonnable comme le dirait Edouard Balladur ?


Quand les syndicats qui ne représentent que 8 % de la population active sont subventionnés par l'Etat, n'y a t-il pas une sorte de détournement des fonds publics dont on pourrait faire l'économie ?


Quand l'Etat crée des observatoires, des commissions, des hautes autorités de ceci ou de cela, des agences machin en y plaçant des amis qui bénéficient dès lors d'une rente de situation n'y a t-il pas un abus manifeste, surtout lorsqu'on sait que bon nombre de ces organismes disposent de voitures de fonction avec chauffeurs, d'un budget de fonctionnement, sans compter de menus avantages divers pour leur personnel, tout cela pour produire le plus souvent un rapport annuel que personne ne lira ou qui fera l'objet d'une fiche synthèse rédigée par le dernier énarque sorti à l'attention du "dircab" qui éventuellement le transmettra au ministre en personne ?

On me dira que je caricature. Si peu!

A voir : le compteur de la dette publique en temps réel


http://cluaran.free.fr/dette.html

dimanche 26 août 2007

Démocratie:mythes et confusions (III)



Nous abordons ici le dernier volet du triptyque que j'ai consacré aux mythes tenaces de la démocratie.

Les deux premières parties traitaient successivement du pouvoir du peuple et de la séparation des pouvoirs. Dans cette dernière partie je vous propose d'analyser de plus près la notion de volonté générale telle qu'elle apparaît dans l'article 6 de la déclaration des droits de l'homme (DDH).


Voici ce que nous dit la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de :




La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.

La loi est clairement définie comme étant l'expression de la volonté générale. Mais voyons avant de traiter de la volonté générale quelle définition de la loi Thomas d'Aquin donnait.




La loi selon saint Thomas d'Aquin

Cette incursion dans la philosophie thomiste me paraît nécessaire car chacun mesurera la pauvreté de la définition née du siècle des Lumières (parlons en des Lumières) en comparaison de celle qui était proposée au Moyen-âge pourtant qualifié d'arriéré et d'obscurantiste. Cela en dit long au passage sur les présupposés ou plus précisément sur les contre-vérités enseignées par l'école républicaine afin de discréditer une époque qui fut d'une grande richesse intellectuelle et artistique mais qui a le tort d'avoir été un temps fort de la chrétienté.

Saint Thomas nous donne la définition suivante:

La loi est un commandement de la raison pris par l'autorité légitime en vue du bien commun.



Le moins que l'on puisse dire c'est que la définition fournie par la DDH ne constitue pas un progrès par rapport à celle qui fut élaborée six siècles auparavant.



A contrario, la formulation de saint Thomas d'Aquin est remarquable à tous égards car elle définit la loi en quatre points, là où la DDH s'est contentée d'une vague définition qui ne veut rien dire.



Pour le Docteur Angélique une loi n'est valide que si elle répond aux critères suivants:



- La loi est un commandement,

- La loi est dictée par la raison,

- Elle ne peut être édictée que par l'autorité légitime,

- Elle vise à la satisfaction du bien commun.

Pour reprendre la philosophie thomiste, on trouve ici les quatre causes:

- La cause matérielle

- La cause formelle

- La cause efficiente

- La cause finale



La cause matérielle

La matière ou plus exactement l'aspect perceptible de la loi est sa formulation, c'est à dire le commandement donné aux citoyens.

La cause formelle

Intervient ici la notion de forme au sens aristotélicien du terme, c'est à dire la caractéristique qui rend l'objet définissable en tant que tel. Le commandement doit être le fruit de la raison, cette fonction propre à l'homme et qui lui confère une place éminente dans l'ordre de la création. Pour qu'une loi soit valide, il importe que celle-ci soit le produit de la raison au sens où l'entend saint Thomas . Une loi qui ne serait pas prise selon la raison ne serait pas conforme à la raison et perdrait son caractère légitime. De nos jours beaucoup de lois sont prises à la va-vite par la démagogie, sous le coup de l'émotion populaire qui retombe généralement comme un soufflé, ou pour satisfaire une minorité agissante.

La raison commande que la loi présente un caractère moral avéré. Tout le monde se souvient de cette énormité proférée par Jacques Chirac regnante il y a quelques années qui affirma péremptoirement que la loi civile n'avait pas à être subordonnée à la morale. Si on pose cette règle comme principe fondamental, alors tout est permis, y compris les lois les plus iniques. Or la morale est bien le produit de notre raison qui distingue le bien du mal. L'animal n'a aucune notion du bien ou du mal. Il agit selon son instinct. c'est ce qui fait la différence entre lui et l'homme. Si nous évacuons toute considération morale dans le processus d'élaboration de la loi, nous éliminons du même fait toute distinction entre le bien et le mal. La loi peut être alors bonne ou mauvaise selon l'humeur et les motivations du législateur et n'est plus dictée par une droite raison.


La cause efficiente

Il s'agit pour saint Thomas de l'autorité, à condition qu'elle soit légitime.Perd son caractère légal toute disposition prise par une autorité sans légitimité reconnue. Cet aspect est intéressant car la question de la légitimité est moins anodine qu'il y paraît. En période de paix civile la question ne se pose pas mais dans les heures graves elle prend une acuité singulière. Il faut se replacer dans le contexte de l'époque et dans la peau de ceux qui eurent à choisir en 1940. Qui incarnait la légitimité ? Le maréchal Pétain à qui les parlementaires avaient remis les pleins pouvoirs ou le général De Gaulle qui incarnait un certain esprit de résistance mais ne pouvait se prévaloir d'aucune légitimité. La réponse est moins simple qu'on ne pourrait le supposer, à condition de se replacer dans le contexte de l'époque et de s'affranchir de toute polémique idéologique. Se poser cette question fut un douloureux cas de conscience notamment pour les officiers de l'armée française. Je n'aborderai pas ici la question de légitimité conférée par le vent de l'Histoire. Nous sortirions de notre étude mais je compte évoquer ce sujet prochainement.


Il en fut de même lors de la guerre de Cent ans. Qui incarnait la légitimité monarchique? Le Gentil Dauphin Charles VII exilé à Bourges ou le roi d'Angleterre, Henri VI, sacré en 1431 à Notre Dame de Paris sous les vivats de la foule car L'Angleterre considérait que la couronne de France lui revenait de droit en se fondant sur des arguments solides. L'Histoire est ainsi truffée de situations dramatiques qui montrent que la légitimité de l'autorité en place ne coule pas toujours de source.

La cause finale

Elle est un élément important car elle justifie la nécessité de la loi. Une loi sans cause finale juste n'a aucun sens. Saint Thomas d'Aquin énonce que la loi est prise en vue du bien commun. Une loi est donc prise pour l'intérêt général. Combien de lois ont été promulguées ces dernières années et qui ne concernent que des intérêts particuliers?


La notion même de bien commun nécessiterait tout un développement. Certes, en fixer une définition n'est pas simple, mais nous verrons que par opposition à la fumeuse volonté générale, elle s'appuie sur des critères beaucoup plus précis.
Prenons le cas de la religion ou plus précisément de la cohabitation dans un même pays de deux religions voire plus. L'Eglise catholique a préconisé dans ce cas la tolérance religieuse. Le bien commun n'est pas dans ce cas de privilégier une religion plutôt qu'une autre en fonction du nombre de fidèles mais de veiller à ce que la population vive en harmonie sans heurts entre les différentes confessions, ce qui ne manquerait pas de se produire si une religion était interdite. en d'autres termes le bien commun dans ce cas ne se réfère pas à la préférence pour une religion mais au souci de préserver la paix civile. Henri IV l'avait bien compris en imposant l'édit de Nantes à ses sujets quitte à mécontenter les catholiques majoritaires et pour lesquels leur religion était la religion d'état mais aussi les protestants qui virent une nouvelle trahison de celui qui avait été des leurs jadis et qui déjà avait abjuré pour ceindre la couronne de France. Louis XIV fut guidé par d'autres motifs pour révoquer l'édit de Nantes mais tous les historiens, y compris les plus favorables au Roi-Soleil, sont d'accord pour considérer que la décision prise par le souverain fut à bien des égards une magistrale erreur.

Ainsi donc, nous observons que la définition de saint Thomas nous a conduit à développer certains critères, ce qui montre que pour qu'une loi soit effectivement une loi, il faut des conditions à la fois précises et contraignantes, sans quoi nous serions dans l'arbitraire.

La définition donnée dans la déclaration des droits de l'homme constitue, à n'en pas douter, une régression ne serait-ce que par son manque total de précision car qu'est ce que la volonté générale?


La volonté générale



La volonté générale au plan quantitatif
Une première approche consisterait à dire qu'elle est constituée par la majorité des Français en âge de voter. Très bien mais comme il est hors de question de consulter chaque Français par voie référendaire avant de décider d'une loi, comment peut-on être sûr que la loi répond bien à la volonté d'une majorité?

Ceci est d'autant plus vrai que bon nombre de lois ont été promulguées contre la volonté d'une large majorité des Français. Si ceux-ci avaient été consultés par référendum lorsqu'en 1981 les socialistes abolirent la peine de mort, il est certain que celle-ci aurait été maintenue.
Il n'est pas du tout certain que si les électeurs avaient à se prononcer sur cette question aujourd'hui qu'une majorité ne se dégage pas en faveur du rétablissement de la peine capitale, du moins pour les crimes les plus graves et les plus odieux.

Nous avons évoqué dans le précédent article la question de l'Europe à propos de la prétendue souveraineté populaire. Les Français ont rejeté le projet de constitution européenne mais visiblement le politique n'en n'a cure. Nicolas Sarkozy à peine entré en fonction s'est précipité à Berlin puis à Bruxelles pour "relancer l'Europe en panne". La constitution sera bel et bien adoptée, soyons en certains avec un traité minimum ou ce que vous voudrez. On passera par dessus la volonté générale qui avait clairement exprimé son refus d'une certaine Europe.


Forme particulière de l'expression de la volonté générale dans une société qui se veut représentative de la démocratie avancée!


Que dire des nombreuses lois antérieures qui, à l'instar de celle qui permit l'abolition de la peine de mort, furent votées et promulguées contre le courant de pensée dominant. Sur ce registre il faut bien admettre que le pouvoir politico-médiatique a acquis un savoir-faire redoutable. Il en fut ainsi pour la dépénalisation de l'avortement, savamment préparée dans l'opinion publique par un épouvantable matraquage sur les consciences. Cette manoeuvre s'apparente à une véritable préparation d'artillerie avant que l'assaut de l'infanterie ne soit donné. L'ennemi, paralysé et assommé par le déluge d'obus, se trouve considérablement diminué ce qui facilite d'autant la tâche de l'assaillant.

Il en est de même pour ces lois qui ne peuvent être promulguées qu'en violation de la volonté générale. On anesthésie la pensée, on annihile toute espèce de résistance, on conditionne les esprits et quand le fruit est mûr, il ne reste plus qu'à faire passer la loi. Le tour est joué!

Nous voyons bien que la volonté générale n'a pas plus de valeur pour le politique que la prétendue souveraineté du peuple.

Reste maintenant à définir ce qu'est réellement la volonté générale. Il n'en existe pas de définition claire et encore moins une définition juridique et précise. Nous sommes en face d'un concept fumeux qui n'a aucune signification rationnelle.

Si la loi est l'expression de la volonté générale, le choix du chef de l'Etat répond tout autant par analogie à l'expression de cette même volonté générale. Les élections présidentielles doivent donc désigner celui que la volonté générale aura jugé le meilleur pour prendre en charge la destinée du pays.


Mais peut-on raisonnablement parler de volonté générale quand un Nicolas Sarkozy est élu avec 53 % des suffrages exprimés mais qui se réduisent à 42,5 % du nombre d'inscrits. Que dire des 47 % obtenus par Ségolène Royal ? Plus de 16 millions de voix sont anéantis, passés à la trappe comme s'ils n'avaient jamais existé.

De même quelle analyse porter sur les 51,7 % obtenus par François Mitterrand en 1981 battant ainsi le président sortant qui n'avait recueilli "que" 48,2 % ? L'un etait-il plus qualifié que l'autre ? On me dira qu'il faut poser des règles et que celles-ci ne sont que pure convention faute de quoi la machine démocratique serait bloquée. Oui, mais je vous renvoie sur le paradoxe de Condorcet ou l'impossible démocratie (nous évoquerons ultérieurement ce point très intéressant). en 1981 la décision s'est faite sur un écart de 3, 5 %. Ce pourcentage est déterminant puisqu'est celui qui permet de consacrer la victoire de l'un par rapport à l'autre. Est ce à dire que la volonté générale se fonde sur ce minuscule 3,5 %?


Pire encore serait le cas de figure dans lequel les deux candidats obtiendraient rigoureusement le même nombre de voix au second tour. Même si cette hypothèse est statistiquement parlant hautement improbable, elle est intellectuellement parfaitement possible et à ce titre ne saurait être écartée.


Comment définir dans ce cas d'espèce la volonté générale ? Peut-on encore parler de volonté générale ou sommes nous confrontés à deux volontés générales ou deux demi volontés ?


Comment sortir de l'impasse ? Refaire des élections en priant le Ciel qu'un électeur au moins change d'avis ce qui permettrait l'élection du nouveau président à une 1/2 volonté générale plus 1 voix. La volonté générale se résumerait à une voix, celle qui permettrait de aire la différence. Encore faut-il que les girouettes des urnes soient en nombre impair faute de quoi nous serions ramenés au cas de figure précité!


Plus simple encore et moins coûteux, on pourrait alors recourir au tirage au sort comme dans les matches de qualification ou de finale de football quand la séance des tirs au but n'a pas permis de départager les équipes. On désignerait le président avec une pièce de monnaie à l'effigie de Marianne. Lequel de vous choisit face avec Marianne? Si face tombe, il remporte l'élection, dans le cas contraire ce sera son adversaire.



A bien y penser ce ne serait pas plus idiot que le suffrage universel dans lequel on peut s'interroger sur les motivations de certains électeurs. Il y a un coté loterie incontestable. N'est pas précisément cette part de loterie de 3, 4 ou 5 % qui fait la différence lors d'une élection présidentielle ?

La volonté générale au plan qualitatif
Au bout du compte, que reste t-il du principe de volonté générale? Nous l'avons déjà dit plus haut. Un principe fumeux vide de toute substance. ceci est d'autant plus vrai que les hommes politiques nous mentent en permanence. Le jeu est en permanence brouillé parce que nous ne connaissons pas les cartes. François Mitterrand fut élu sur un programme de gauche alors qu'il était viscéralement un conservateur, attaché au souvenir du maréchal Pétain, lié à ses amitiés des années 40. Je ne lui en fais pas le reproche, je ne fais que le constater. Jacques Chirac ne fut un homme de droite que pendant sa longue course à l'Elysée. Arrivé au pouvoir, il raisonna en homme de gauche.


Nicolas Sarkozy mena une campagne à la Ronald Reagan sur des thèmes vigoureusement de droite. Une fois élu' il s'est empressé sous prétexte d'ouverture et de rassemblement des Français de faire entre des hommes de gauche au gouvernement. Quelle lisibilité nous offre le nouveau chef de l'état dans ses orientations politiques? En quoi a t-il respecté la "volonté générale" qui l'a porté à la charge suprême?



Pour conclure, peut-être faut-il se poser la question de la pertinence du concept de volonté générale. Cette volonté est-elle le critère de référence pour décider des orientations de la France au niveau le plus élevé. Etions-nous qualifiés pour juger de la bonté ou de la malignité de la constitution européenne? Trop de données échappaient à l'immense majorité d'entre nous pour porter un jugement objectif. Le sujet était bien trop technique et hors de notre portée.


Peut-on, de même, accepter, comme je l'ai entendu il y a une vingtaine d'années, que l'on vote pour Bernard Tapie au motif qu'il avait "une belle gueule"? Un manchot, bossu et borgne n'aurait de nos jours aucune chance d'être élu même avec un programme politique alléchant.


L'ancien premier ministre Raymond Barre qui vient de disparaître ne parvint pas à être élu à la charge suprême. Il est vrai que les poignées de mains et les distributions de tracts sur les marchés n'étaient pas son fort! On le reprocha. Il n'en demeure pas moins qu'il fut un des rares hommes politiques, homme d'Etat au sens le plus noble du terme, à ne pas utiliser la langue de bois. mais on ne peut pas faire campagne en promettant la rigueur budgétaire, l'équilibre des comptes. Ces impératifs passent largement au-dessus de la tête de la grande majorité des Français. On ne saurait au demeurant leur en tenir grief quand on connaît tous les abus qui les laissent dans un profond sentiment d'injustice.



Si donc la volonté générale est un concept vide de toute substance, qui ne peut être défini ni de manière scientifique, ni de manière juridique, si de plus elle est en permanence bafouée et piétinée par le politique pour le plus grand mépris des citoyens, quelle peut être sa réalité dans la vie politique?


Je vous laisse le soin de répondre à cette question.
Pour ma part, je n'ai pas encore trouvé la bonne réponse!

samedi 25 août 2007

Un cardinal peut en cacher un autre

+
R.I.P





Requiescat in Pace! Le cardinal LUSTIGER s'en est retourné à la maison du Père. Si les milieux traditionalistes n'ont jamais éprouvé un grand attachement pour ce prélat bien trop conciliaire dans sa théologie comme dans sa pastorale ce fut notamment en raison des rapports difficiles entre l'archevêché qui appliqua les normes Ecclesia Dei avec parcimonie pour ne pas dire mesquinerie. La Tradition dut se contenter de la portion congrue avec parfois des solutions bâtardes comme celle appliquée dans Paris intra muros en la paroisse de Saint Eugène. Deux curés in solidum, cela n'était guère satisfaisant à tous égards, même si la coexistence des deux ecclésiastiques s'était déroulée de façon pacifique, en raison de leur personnalité.

Il est toujours douloureux pour un catholique de critiquer les actes contestables de ses prêtres. Ce l'est davantage encore lorsqu'il s'agit d'un cardinal.
Ne nous y trompons pas, si la presse fut dithyrambique dans les commentaires qui suivirent la disparition de l'ancien archevêque de Paris, c'est bien parce que le cardinal avait une pris une place particulière dans l'Eglise de France. Ses origines juives, peu banales pour un haut dignitaire de l'Eglise catholique romaine, son ministère plutôt "décoiffant" y sont pour beaucoup. Les médias adorent les hommes d'Eglise qui se démarquent de leur hiérarchie ou affichent des positions en rupture avec Rome...sauf lorsqu'il s'agissait de Mgr LEFEBVRE. Pensez donc, Il était pleinement catholique! Mais un Monseigneur GAILLOT, un abbé PIERRE, ce ne peut être que du...pain bénit!




Mgr Lefebvre trop catholique pour les médias



Oui mais le Cardinal LUSTIGER était tout sauf un Mgr GAILLOT ou un abbé PIERRE. Il avait d'ailleurs déploré les égarements livresques de ce dernier sur la chasteté, mettant sur le compte de l'âge les propos tenus par le vieil homme. Dans sa liberté de ton, il est toujours resté un homme d'Eglise, fidèle à Rome.
Certes, l'origine juive du cardinal l'a conduit à une approche théologique particulière des rapports entre le judaïsme et le catholicisme. On peut résumer en disant que pour Mgr LUSTIGER, les Juifs sont nos frères aînés, ce que Jean-Paul II avait lui-même affirmé de façon un peu plus nuancée lors de sa visite à la synagogue de Rome : "Vous êtes en quelque sorte nos Frères aînés".
Cela peut surprendre voire agacer. En effet, s'il est bien évident que les Juifs vétero-testamentaires sont nos Frères aînés, je dirais même nos Pères avec Moïse, Abraham et toutes les grandes figures bibliques, une telle affirmation devient beaucoup plus critiquable d'un point de vue théologique quand il s'agit des Juifs contemporains. L'Incarnation du Verbe a conduit à une séparation de fait très rapide. Saint Paul s'oppose à Pierre en préconisant l'abandon de la circoncision pour les pagano-chrétiens. Il défend avec fermeté l'unicité du christianisme et réfute l'idée de deux catégories de Chrétiens, les judéo-Chrétiens et les pagano-Chrétiens. Très vite, l'Eglise et la Synagogue s'éloignent l'une de l'autre. La distance prise entre les deux religions nous apparaît abyssale aujourd'hui.
Or, je crois que Mgr LUSTIGER, Juif dans sa chair comme pouvaient l'être les disciples du Christ, a suivi l'appel du Seigneur : " Viens et suis moi". Il lui était donc charnellement et spirituellement impossible de renier ses origines. Au fond Aaron LUSTIGER n'avait rien fait de plus ou de moins que Pierre lâchant ses filets de pêche pour emboîter les pas du Christ. Etre Chrétien et Juif à la fois n'était pas pour lui antinomique. Cela ne relevait pas pour lui d'une monstruosité. Or, il était considéré par certains Juifs comme un renégat et par certains Catholiques comme pas tout à fait catholique.
Il est intéressant de voir dans une courte vidéo le cardinal répondre à la question qui lui est posée: "Etes-vous Juif". Sa réponse est belle et émouvante. Le prélat s'inscrit dans la descendance d'Abraham, d'Isaac. Il est lumineux et son visage reflète un sourire radieux. Non, il n'a rien renié, pas plus que Pierre, Jacques, Jean et les autres disciples ont renié leur judéité. Mgr LUSTIGER réalisait l'unité du juif et du chrétien, disciple du Christ.
Nul doute que le Cardinal a dû vivre douloureusement l'incompréhension qui entoura et suivit sa conversion au catholicisme.
Pleinement Juif, de même il fut pleinement homme d'Eglise, plutôt ultramontain version conciliaire. Sa fidélité à Jean-Paul II fut sans faille. Il sut défendre la morale catholique avec fermeté et dénoncer la nocivité de l'esprit des Lumières qui exerce sur les consciences modernes son action pernicieuse et destructrice.




Homme de tempérament, il fit une mise au point publique très ferme en réponse aux propos scandaleux véhiculés par la presse sur le prétendu passé nazi de Benoît XVI. Le cardinal avait lui-même participé au conclave qui élit le Cardinal RATZINGER auu trône pontifical.


Certes, le cardinal LUSTIGER, comme nous l'avons évoqué plus haut, manqua parfois de sollicitude vis à vis des traditionalistes. Il lui a probablement manqué l'héritage culturel nécessaire pour comprendre le juste combat mené dans la tradition, si tant est que cela soit nécessaire à voir le nombre d'évêques en France, issus de familles catholiques, qui furent ou sont encore hostiles à la messe de saint Pie V et qui sont pris de crises urticantes foudroyante aux seuls mots de messe en latin et de chant grégorien. Il n'en demeure pas moins que Monseigneur LUSTIGER fut membre de l'Eglise à part entière.

Que notre prière s'élève et s'unisse à celle de toute l'Eglise pour le repos de son âme.

jeudi 16 août 2007

Démocratie:mythes et confusions (II)



En juillet nous avions traité dans une première partie du pouvoir du peuple dans les démocraties ou plus exactement de l'illusion du pouvoir. Et encore, je n'ai point voulu évoquer le pouvoir du peuple dans les républiques démocratiques populaires du bloc de l'est et des pays encore sous obédience communiste. Vous noterez au passage la série de redondances dans l'appellation "république démocratique populaire". Trois mots qui veulent dire à peu près la même chose. Il faut croire que dans ces pays chacun de ces termes ne se suffit pas à lui seul pour rendre compte du caractère "démocratique" des institutions.

Je vous avais présenté les trois volets de mon analyse:


- Le pouvoir du peuple


- La séparation des pouvoirs


- La volonté générale


Nous avions vu que le pouvoir du peuple n'est en fait qu'une joyeuse fable qui n'engage que ceux qui veulent bien y croire.

Aujourd'hui nous abordons le second volet : la séparation des pouvoirs.



Ce grand principe fondateur nous vient de Montesquieu qui le posa comme règle de fonctionnement de toute société évoluée dans son ouvrage De l'esprit des lois. La Révolution reprendra à son compte la règle du partage des pouvoirs qui n'existait pas sous l'Ancien Régime, bien qu'il conviendrait de nuancer une telle affirmation. Retenons pour simplifier que le Roi détenait tous les pouvoirs de Dieu et de Lui seul. Ceci ne signifie pas pour autant qu'il n'existait pas de contre-pouvoirs. Le Parlement de Paris, pour ne citer que lui, ne se gêna pas pour casser le testament de feu Louis XIV à la demande du Régent. Chargé à l'origine de l'enregistrement des actes royaux, le Parlement de Paris en vint progressivement à exercer un véritable contrôle d'opportunité sur les actes pris par le souverain. Certes le roi avait le dernier mot en tenant ce qu'on appelait un Lit de justice, obligeant ainsi les magistrats à enregistrer les textes réglementaires mais le pli avait été pris et le XVIIIème siècle sera marqué par une "cohabitation" conflictuelle entre la monarchie et le Parlement. Louis XV ira même jusqu'à exiler les parlementaires en raison de leur indocilité. Louis XVI, assez mal inspiré, ou assez mal conseillé, les fera revenir à Paris!




La justice en particulier relevait du roi. On distinguait alors la justice retenue (le roi exerçant lui même le pouvoir judiciaire) de la justice dévolue, celle qui était exercée par les différentes juridictions du royaume au nom du roi.

La plénitude des pouvoirs du roi justifie d'ailleurs cette fameuse réplique de Louis XVI à son cousin le duc d'Orléans, futur Philippe-Egalité, qui jugeait illégal l'enregistrement d'un édit royal imposé par le roi : "C'est légal parce que je le veux".
Cette réponse, loin de traduire un caprice royal, était bien dans l'esprit du monarque, une réponse rigoureusement fondée en droit.

Mais avec les Lumières du XVIIème siècle, l'idée avait prévalu qu'il importait de séparer les pouvoirs afin d'éviter les abus. Ce principe fut mis en application par les révolutionnaires dans la constitution de 1791 mais de fait elle ne fut effective que bien plus tard avant de prendre la forme qu'on lui connaît aujourd'hui.

La séparation des pouvoirs de nos jours

On a coutume de distinguer les trois pouvoirs définis par Montesquieu : Le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.



Si en théorie le pouvoir législatif appartient au Parlement (Assemblée nationale et Sénat), de nos jours rares sont les textes de lois nés de l'initiative des députés. En pratique c'est le gouvernement qui a l'initiative des lois et les soumet au vote des assemblées, chambres d'enregistrement bien plus dociles que le Parlement de Paris avant 1789.

L'éphémère IVème république s'était caractérisée par une très grande instabilité politique, les majorités se composant et se défaisant du jour au lendemain au gré des alliances politiques. Pour ne pas retomber dans le régime des partis, on organisa les institutions de la Vème République de manière à dégager des majorités politiques fortes garantes de la stabilité gouvernementale. Le scrutin majoritaire à deux tours privilégie les grands partis. La droite puis la gauche à partir de 1981 bénéficièrent des avantages de ce mode électoral. Il en résulte désormais que la majorité parlementaire est assurée par un seul parti, celui dont est issu le gouvernement, ce qui conduit à concentrer les pouvoirs législatif et exécutif entre les mains d'un seul parti.

Dès lors, il existe une complicité de fait entre la majorité et son gouvernement, la discipline des partis empêchant par ailleurs toute velléité de vote contestataire. C'est à juste titre que l'on a qualifié les députés de godillots aux ordres de l'exécutif et juste bons à voter les lois concoctées par le gouvernement. Il n'y a donc pas de véritable séparation des pouvoirs. Ceci est tellement vrai que lors des dernières législatives le Premier ministre avait posé comme règle la non reconduction dans ses fonctions ministérielles de tout ministre qui ne serait pas réélu. Alain Juppé fit les frais de cette mesure aussi stupide que non réglementaire. Rien en droit n'oblige un ministre à recevoir au préalable l'onction du suffrage universel. Dominique de Villepin ne s'est jamais présenté devant les électeurs. De la même manière, certains ministres, dont Bernard Kouchner, ne se sont pas présentés aux législatives en raison de leur position bâtarde d'homme de gauche dans un gouvernement dit de droite. La règle Fillon qui fonctionnait auparavant de façon plus ou moins tacite ne fait qu'entretenir la confusion dans tous les sens du terme entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif.

Quant au pouvoir judiciaire, il semble indépendant. De fait, il l'est beaucoup moins qu'on le pense même si certaines dispositions réglementaires prises au cours de ces vingt dernières années ont accru l'autonomie des magistrats. Les nominations relèvent du pouvoir exécutif, les parquets sont placés sous l'autorité du ministère de la justice, sans compter les luttes d'influence politique au sein de la magistrature à laquelle on a concédé le droit de se syndiquer. Quand on connaît le fonctionnement des syndicats à la française, on imagine aisément le résultat que cela peut produire.



L'ancien président Valéry Giscard d'Estaing niait, à juste titre, la réalité la division des pouvoirs telle que nous avons l'habitude de la concevoir. Il regroupait les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) en un seul pouvoir qu'il appelait pouvoir d'Etat, lequel pouvoir d'Etat étant appelé à cohabiter avec d'autres formes de pouvoirs, le pouvoir médiatique et le pouvoir syndical en particulier. Cette vision me paraît plus réaliste que l'approche très théorique de Montesquieu, d'ailleurs jamais véritablement appliquée.

Cette analyse pose, soit dit en passant, la place exacte et la responsabilité des médias et des syndicats dans la vie politique à son plus haut niveau.

Une séparation contre nature

On ne peut que constater l'absence totale d'étanchéité entre les trois formes du pouvoir d'Etat et cela se comprend car il existe une connexion naturelle entre elles. Dans l'armée, on enseigne aux futurs officiers les règles du commandement. Parmi celles-ci la fameuse règle des 3C : Concevoir, Commander, Contrôler. Autrement dit le chef élabore la manoeuvre, la commande et en contrôle la parfaite exécution. Ce n'est donc que dans la plénitude des pouvoirs que le chef peut mener à bien sa mission. Or, à y regarder de plus près, législatif, exécutif et judiciaire ne sont que la transposition dans la sphère politique de la règle des 3C. Les parlementaires conçoivent les lois, le gouvernement les met en application et la justice en sanctionne les transgressions, ce qui est une forme de contrôle.

Là où le bât blesse, c'est que notre système politique a séparé artificiellement ce qui est appelé à être naturellement réuni. Dès lors, on ne peut que constater l'application cahoteuse, voire chaotique, du principe de séparation des pouvoirs. Cette séparation est aussi peu naturelle que les régimes gouvernementaux à autorité multicéphale. Les triumvirats n'ont jamais tenus bien longtemps! César s'appropria bien vite le pouvoir au détriment de Crassus et Pompée. Bien plus tard, le Consulat ( trois consuls) fut la voie idéale ouvrant la route au seul profit de Bonaparte. La polysynodie instaurée par le Régent Philippe d'Orléans ainsi que le Directoire ( à 5 têtes s'il vous plaît!) n'eurent qu'une existence bien éphémère. Si la nature a horreur du vide, il semble qu'elle ait tout autant une profonde aversion pour le trop-plein.

mardi 14 août 2007

Le 15 août et le voeu de Louis XIII




Les processions en France (quand elles existent) lors de la fête de l'Assomption devraient être l'occasion de faire commémoration de la déclaration du roi Louis XIII, par laquelle le souverain déclare qu'il place le royaume sous la protection de la très glorieuse Vierge Marie. Hélas, aujourd'hui seuls les catholiques attachés à la Tradition font lecture du magnifique texte signé le 10 février 1638 au château de Saint Germain en Laye. Plus connu sous le vocable du voeu de Louis XIII, le texte royal est une magnifique action de grâce remerciant Dieu des bienfaits dont il a comblé le royaume et en même temps un acte de confiance par lequel le souverain remet son royaume entre les mains de Celle qui est la médiatrice des bienfaits accordés à la France.


Projet manuscrit du voeu datant de 1630

Plus que jamais, la procession du 15 août doit être l'occasion de prier la Très Sainte Vierge afin qu'elle intercède auprès de son Fils très aimé pour que sa protection s'étende sur nous tous et nous libère de nos maux. La France en a grand besoin!
Vous pourrez trouver le texte intégral de la déclaration du roi Louis XIII sur le site de M. l'abbé Demets http://defidecatholica.blogspot.com/